28.05.2021

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Comment lancer un projet écologique ?

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Monter et développer un projet : niveau 1000. Monter et développer un projet écologique : niveau 29 983 à la puissance 458. Heureusement, il y a quelques exemples à suivre pour nous aider sur le trajet. Aujourd’hui, on vous propose l’histoire d’une femme qui s’est lancée le défi de révolutionner la joaillerie de luxe en y intégrant une prise de conscience écologique, de reconcilier deux ennemis : les diamants et la planète. Marie-Ann Wachtmeister est consultante, fondatrice d’une école Montessori, prof de yoga, autodidacte dans la joaillerie et… entrepreneure récidiviste. Sa marque, Courbet, qu’elle a fondée avec Manuel Mallen son associé, propose une alternative à l’extraction des minerais en proposant des bijoux faits de diamants créés en laboratoire et d’or recyclé. De ce parcours, on a tiré cinq conseils pour monter un projet écologique et responsable.
 


Lorsqu’on met en place un projet responsable, on peut vite mettre toute son énergie à trouver des alternatives écologiques à ses produits ou ses services. Attention à ne pas considérer que la partie émergée de l’iceberg : “il y a tellement de choses à prendre en compte, c’est une liste qui se décuple au fur et à mesure, nous explique Marie-Ann. Côté Courbet, on pourrait penser qu’une fois qu’on a trouvé une alternative à l’extraction de diamants - qui prend déjà énormément de temps - on est sorti d’affaire. Et on se rend compte qu’il y a tout le reste : l’écrin, par exemple, qui est d’habitude fait dans des matériaux extrêmement polluants. Nous l’avons repensé et fait appel à un petit atelier breton qui recycle le cuir. Il y a aussi les espaces de vente : notre showroom qui est également notre bureau n’est constitué que de meubles écologiquement responsables, nous en avons banni les bouteilles d’eau en plastique.” On vous conseille de faire un tour sur le calculateur Bilan Carbone de l’association Goodplanet, qui pourra vous aider à faire une liste exhaustive des choses à vérifier. Pour Marie-Ann, c’est assez clair : “Ce n’est pas au client de discerner quel produit est responsable ou non, c’est à la marque de s’occuper de tout”.
 

 

Lancer un projet écologique, c’est aussi de réussir à sortir des anciennes méthodes de production. La solution pour nous aider là-dessus, c’est le design-thinking, pour trouver des processus d’innovations. Petit cours en accéléré : la méthode de production classique peut se synthétiser par le schéma suivant : acheter-fabriquer-vendre-posséder-jeter. Et on recommence. L’objectif est ici d’imaginer de nouveaux cycles de vie au produit et à ses composants. On oublie la poubelle et on trouve des solutions. Là aussi, l’exercice doit être le même pour toutes les matières premières et toutes les autres composantes de la marque. “Il faut essayer de faire en sorte que l’ensemble du produit soit réutilisable, explique Marie-Ann. Si un client venait à se lasser de son bijou, nous avons mis en place une solution pour réutiliser l’or et les diamants et réaliser une autre proposition, qui est rendue possible grâce au traçage de nos matières premières. En ce moment, on s’attaque vraiment aux contenants de livraison : on tente de remplacer le plastique par des grosses enveloppes qui fonctionnent selon un principe de consigne, où nous les récupérons pour pouvoir les réutiliser pour d’autres client.e.s”. Des idées partout.
 

Quand on se lance dans une logique “consommons moins, consommons mieux”, il peut être vite difficile de faire face à la compétition de la “fast production”, ses offres sans cesse changeantes et ses prix beaucoup plus bas. Comment jouer dans la même cour quand on ne veut pas suivre les règles du jeu qui nous semblent défaillantes ? 


 

 

Pour Marie-Ann, le rôle de la communication est clair : “la communication ne doit pas servir à créer de nouveaux besoins, mais à proposer une alternative sur un sujet donné.” La communication autour du projet a aussi une composante responsable. Comment communiquer sur son projet sans tomber dans le green-washing ? Communiquer de manière transparente sur tout ce qui a été fait pour avoir un impact écologique faible, et être honnête sur ce qui est en cours, ou difficile pour le moment à aménager. Marie-Ann nous donne quelques outils et plateformes pour aider à compartimenter les messages et être le plus clair possible : "au-delà du bilan carbone qui nous aide en interne, nous travaillons avec Positive Luxury, qui nous a décerné son label il y a plus d’un an. C’est une plateforme qui met en avant des marques responsables, après un audit très poussé. En parallèle, nous utilisons Zei, un outil qui nous aide à avoir une vision RSE globale. Nous avons rédigé un Code of Conduct, à destinations de nos fournisseurs, ainsi qu’un cahier des charges pour suivre les objectifs de développement durable établis par l’Organisation des Nations Unies. Le but est d’être transparents avec nos clients.”

 

Y-a-t-il un rôle à jouer dans les engagements et discours politiques ? “C’est important d’investir les sphères politiques où l’on est expert sur le sujet. A travers Courbet, Manuel et moi avons investi les sphères politiques pour obtenir leur soutien afin de faire évoluer le nom du diamant de synthèse. Nous souhaitons pouvoir l’appeler diamant créé en laboratoire, comme c’est le cas dans le reste du monde, sauf en France. C’est un combat du quotidien qui prend du temps et de l’énergie pour une start up mais c’est indispensable que nos clients aient toutes les cartes en main pour prendre leur décision ; c’est pour ca que nous prenons part à toutes les discussions sur le sujet, en France comme à l’international”. 29 983e étage, on avait prévenu.