16.12.2020
interview
Conversation avec Séverine Frerson
Séverine Frerson est la première cheffe de cave de l’illustre Maison viticole Perrier-Jouët. Elle nous a parlé oenologie, amour de la terre, importance de l’intuition... et de son parcours aussi inspirant qu’atypique.
Jeune adulte, je m’apprête à prendre une grande décision, de celles qui vous changent la vie : mes deux parents travaillent dans la médecine, et rien ne me prédestine à choisir l’univers du vin pour poursuivre mes études. Rien, si ce n’est une passion encore timide mais déjà brûlante pour l'œnologie : une passion qui va me porter, me faire grandir, et dont je m’apprête à faire mon métier. Bien sûr, je ne jette pas mon dévolu sur le vin par hasard, j’ai quelques souvenirs qui me guident : quand j’étais jeune, mes parents et moi sommes partis vivre dans la région Champagne, à Verzenay. La plupart de leurs amis étaient des vignerons. C’est notamment à ces personnes que je dois ma rencontre “coup de foudre” avec l’univers du vin. Ce sont elles qui ont éveillé chez moi cet intérêt pour les vignes. Comment ne pas être inspirée ?
C’est donc tout naturellement que je me renseigne sur les métiers du vin pour ma poursuite d’études après le lycée. Je suis (déjà) si passionnée que je ne réalise pas forcément que je me destine à évoluer dans un milieu majoritairement masculin. C’est d’ailleurs, je pense, toute la beauté du métier de passion : ou comment se mettre au service de son enthousiasme pour mieux contourner et dépasser les “obstacles” en cours de route.
Mon cursus fut plutôt universitaire : la fac de biochimie, puis un Diplôme National d’Œnologue et un DESS Œnologie à l’Université de Reims…avant de partir à la rencontre du “monde du travail”, en exerçant mon métier dans différentes Maisons de champagne, pendant plus de quinze ans. Participant aux dégustations d’assemblage, j’effectue le suivi de vinification, je gère toute la partie qualité du système, respect des normes, environnement… Dans cet univers comme dans beaucoup d’autres, il faut en effet savoir être un vrai “couteau-suisse” pour s’adapter à la réalité du métier, et surtout, pour apprendre chaque jour.
C’est armée de ces savoir-faire et expériences multiples que je rejoins en 2018 la Maison Perrier-Jouët. Ce qui me motive ? L’envie d’un nouveau challenge, la soif de faire de nouvelles rencontres. Et bien sûr, la fierté d’appartenir à une grande Maison viticole : je travaille chaque jour dans des murs chargés d’une histoire que nous nous donnons pour mission de respecter et d’honorer, tout en continuant de l’écrire.
Quand on travaille dans une Maison qui est aussi fondatrice et historique dans le milieu du vin, c’est un vrai défi de réussir à transmettre les valeurs de cette Maison tout en amenant ma touche personnelle, mon expertise, ma propre histoire. Je dirais que c’est une combinaison subtile d’intuition et de projection. De respect de l’histoire et d’innovation. Réussir à rester créative tout en respectant les valeurs très fortes et très ancrées de la marque, c’est une gymnastique quotidienne qui rend mon travail encore plus excitant.
Aujourd’hui, je suis la première cheffe de cave de cette Maison en deux siècles. Je succède en quelque sorte et en ce sens à la très inspirante Rose-Adélaïde Jouët, cofondatrice de la Maison, qui non seulement lui a donné son nom, mais qui a aussi grandement contribué à lui offrir ses lettres de noblesse. Je me sens honorée, fière, et inspirée de marcher dans les pas d’une femme de cette trempe ! Je considère en ce sens que j’ai une chance inouïe, car je me reconnais totalement dans les valeurs de la Maison Perrier-Jouët : c’est d’ailleurs ensemble que nous avons travaillé à pousser plus loin encore notre démarche de cohérence entre le respect de la nature, du vin, et du terroir, en proposant le développement d’un packaging éco-responsable pour nos produits.
D’où l’importance de faire le choix de m’impliquer dans des projets qui me ressemblent, avec des personnes qui me font confiance. C’est une question qui est évidemment importante pour les femmes, et particulièrement pour celles qui exercent leur métier dans un milieu très masculin. En ce qui me concerne, j’ai eu la chance tout au long de ma carrière de faire des rencontres inspirantes, qui m’ont poussée à donner le meilleur de moi-même. Si il y a un conseil que je puisse donner et qui soit applicable aussi bien à mon milieu qu’à toutes les trajectoires professionnelles, c’est qu’il faut oser. Et “oser oser”. La formulation est peut-être redondante, mais elle veut tout dire : on peut dépasser les doutes, se pousser dans ses retranchements, et s’en sortir grandi·e... à condition de savoir se faire confiance. Par exemple, quand je fais une dégustation, j’écoute avant tout mon instinct : je fais confiance au vin, au terroir, mais aussi à mes compétences. Alors, pour 2021, je propose qu’on ose oser.
Avis aux amateurs.rices du champagne et de la bonne nourriture : envie d’inviter les talents de Séverine Frerson et de la Maison Perrier-Jouët jusqu’à votre table en cette fin d’année ? On a ce qu’il vous faut : My Little Paris & Perrier-Jouët s’associent pour vous proposer un dîner inattendu livré à bicyclette. Au programme : un menu élaboré par l’incroyable cheffe du Pouliche, Amandine Chaignot pour accompagner le champagne Perrier-Jouët Blanc de Blancs (75cL) dans son Ecobox, un écrin éco-conçu. Réservations par ici.
Cet article est réalisé en partenariat avec Veuve Clicquot.
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